Soutenance de thèse
Travail et non-travail : Telle est la gestion ?
Une étude du travail, du professionnalisme et de leurs (non)sens à la lumière des activités de non-travail au bureau
Sophie Rauch, doctorante du programme Ph.D. ESCP soutiendra publiquement sa thèse de Doctorat en Sciences de Gestion.
Le 15 Septembre 2023
à ESCP Business School
Résumé
Nous soutenons que contrairement à un discours répandu sur le travail (« au travail, on doit travailler »), les activités de non-travail – que nous proposons de conceptualiser comme les (inter)actions exprimant de l’autotélisme (Dujarier et Le Lay, 2018), non ou non directement instrumentales, fonctionnelles, efficaces ou utiles durant la journée de travail – sont d’une part bien réelles, et d’autre part, extrêmement importantes dans le quotidien de travail, appréhendé dans l’espace-temps de la journée de travail au bureau.
Nous présentons et adressons les limites que nous voyons dans les interprétations « classiques » de ces activités en recherche (‘mainstream’, ‘critiques’, et approches orientées ‘santé/souffrance au travail’), à partir desquelles nous élaborons notre conceptualisation théorique de ces activités, ainsi qu’un design méthodologique spécifique visant à les appréhender dans toute leur spontanéité et leurs parades à se laisser voir.
Ce design, qualitatif, abductif et constructiviste, combine des journaux de bord remplis par nos participants (ainsi conduits à distinguer ce qui est du travail et ce qui n’en est pas, ou pas complètement, dans leur quotidien subjectif de travail) et un approfondissement dialogique en entretien ou par échanges écrits.
Nos résultats proposent d’étudier ces activités dans leurs natures et manifestations variées, nous conduisant à les appréhender à différentes échelles et dans une pluralité de registres émotionnels en tant que processus dynamiques structurants du quotidien de travail, avant d’en proposer deux articulations spécifiques :
- nous étudions d’une part leurs liens avec le professionnalisme, dont nous interrogeons une lecture dominante (« mainstream » mais aussi « critique ») postulant qu’elles y seraient opposées ;
- nous suggérons plutôt que ces activités, en leurs qualités de coulisses (Goffman, 1973), donnent à voir la tension entre un professionnalisme prescrit, réel, et souhaité.
Nous étudions enfin les possibles relations que peuvent entretenir ces activités dans la constitution de (non)sens relatifs au travail.
Nous proposons alors d’articuler les (non)sens produits à deux échelles distinctes, l’une relative au quotidien de travail ((non)sens au travail), et l’autre relative au travail dans la vie quotidienne ((non)sens du travail), tout en soulevant la possibilité que de ces activités, puisse émerger un sens nul.
Ce faisant, nous contribuons à théoriser de manière opératoire ces activités, mais aussi le travail en lui-même (en les distinguant notamment du hors travail et de l’anti-travail), et en pratique, à réinterroger le quotidien de travail, ses conditions et son sens, à de multiples niveaux.
Jury
Directeur de recherche :
- Prof. Hervé Laroche,
ESCP Business School
Rapporteurs :
- Prof. Sandra Charrere Petit,
Professeure des universités, Université Paris Saclay - Prof. Véronique Perret,
Université Paris-Dauphine
Suffragants :
- Prof. Stéphan Pezé,
Professeur des universités, Toulouse School of Management TSM - Prof. Almudena Cañibano,
ESCP Business School
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