Evènement Un regard transdisciplinaire sur les questions de genre en finance

Le projet « Finance et société » réunit des chercheuses et chercheurs des trois institutions membres de Sorbonne Alliance : Sorbonne Nouvelle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ESCP Business School. Un premier atelier consacré au thème « Femmes et finance » s’est déroulé le 6 septembre 2023 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

« Ce workshop maintient la dynamique de ce que l'on faisait dans l'axe "Finance et société" du LabEx ReFi », explique Christophe Moussu, ancien directeur académique du laboratoire de recherche pluridisciplinaire dédié à l’évaluation des politiques de régulation, porté par ESCP et créé avec l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, le CNAM et l’ENA. « Ce laboratoire avait trouvé son origine dans le sillon de la crise financière de 2007-2008 avec comme mission d’analyser les risques induits par la sphère financière et de manière plus générale les interactions entre finance et économie réelle, en vue d’informer le régulateur ». Financé par Sorbonne Alliance, le projet de recherche Finance et société réunit Gunther Capelle-Blancard, économiste, professeur à Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Centre d’économie de la Sorbonne UMR 8174), Jézabel Couppey-Soubeyran, économiste, maîtresse de conférences à Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Centre d’économie de la Sorbonne UMR 8174) et Laurence Harris, civilisationniste et analyste du discours, maîtresse de conférences à Sorbonne Nouvelle (laboratoire CREW) et Christophe Moussu, professeur de finance à ESCP.

Les chercheurs et chercheuses ont choisi de décliner leur thématique de recherche en deux grands sujets (« Femmes et finance » et « Banques centrales et bien commun »), traités dans le cadre d’un atelier qui s’est tenu le 6 septembre dernier au centre Panthéon et d’un colloque international qui sera organisé début 2024. Ces deux événements sont financés dans le cadre du dispositif d’appel à projets Sorbonne Alliance lancé en 2022, destiné à soutenir les collaborations de recherche entre chercheurs ou enseignants-chercheurs des trois établissements membres. « Les thématiques couvertes par nos équipes de recherche portent sur la régulation et la stabilité financière, l’effet des politiques monétaires, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, le financement de la transition écologique, etc., ajoute Gunther Capelle-Blancard. L’appel à projet a été l’occasion pour nous d’organiser deux évènements qui nous tenaient à cœur : le premier donc sur les questions de genre en finance, et le second sur l’action des banques centrales. Ces deux thématiques nous paraissent importantes, un peu en retrait par rapport aux questions climatiques, alors que des liens existent ».

L’honneur aux femmes ?

L’atelier « Femmes et finance » s’est articulé autour de huit présentations académiques en anglais organisées en deux sessions et une table ronde, en présence de l’économiste Renée Adams, professeure de finance à l’Université d’Oxford, qui en était l’invitée d’honneur. Des universitaires internationaux en sciences économiques, en sciences de gestion, en sciences comportementales, en science du langage ou en histoire ont présenté des contributions récentes sur les études de genre en finance et, notamment, celles concernant les stéréotypes en matière de comportement financier et la sous-représentation des femmes dans les postes à responsabilité. « Cet appel à projets était une belle occasion à saisir pour nouer des contacts avec nos collègues. Et pour ce qui est plus spécifiquement de la problématique "femmes et finance", les approches des historiens et des sociologues nous apportent beaucoup sur la question clé des stéréotypes, la façon dont ils se forment et perdurent », estime Gunther Capelle-Blancard.

D’abord une question de justice sociale, avant d’être une question économique

Bien que la question de l'émancipation économique des femmes ait fait l'objet d'une attention particulière ces dernières années, force est de constater que les femmes, aujourd’hui encore, continuent de se heurter à de nombreuses difficultés pour accéder à des postes de direction dans les entreprises, en particulier dans les institutions bancaires et financières. Cette journée d’étude a été l’occasion d’explorer et d’analyser les obstacles auxquels les femmes sont confrontées et de discuter des leviers existants pour progresser vers l'égalité des sexes. « Comme le rappelait notre invitée d’honneur, Renée Adams, la littérature en économie peine à se défaire des stéréotypes de genre, y compris une bonne part de la littérature qui se veut (fort légitimement) plus diverse et inclusive. Ainsi, depuis quelques années, entend-on fréquemment que la crise financière de 2007-2008 aurait pu être évitée si plus de femmes avaient alors été à la tête des banques, que les entreprises seraient plus soucieuses de leur impact social et environnemental si plus de femmes siégeaient aux conseils d’administrations… Or la recherche montre que ce n’est pas forcément le cas et que cela doit être mis en place avec beaucoup de précautions. On ne luttera pas efficacement contre les stéréotypes, en mobilisant d’autres stéréotypes. Ce type de discours, en plus d’être paradoxal est contre-productif, affirme Gunther Capelle-Blancard. Un autre écueil à éviter est de promouvoir la diversité (de genre ou autre) au motif qu’elle serait "profitable" à l’entreprise, au sens propre. Or ce qui a été justement rappelé par Renée Adams et la plupart des intervenantes et intervenants, c’est que c’est d’abord une question de justice sociale, avant d’être une question économique. »

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