Le 11 octobre 2019
ESCP - Campus République
Contester et consentir : La mise au travail des membres d’une organisation alternative.
Le cas d’un supermarché coopératif et participatif.
Jury
Directeur de recherche :
- M. Aurélien ACQUIER, Professeur
ESCP
Rapporteurs :
- M. Thibault DAUDIGEOS, Professeur,
Grenoble École de Management - Mme Florence PALPACUER, Professeure des Universités,
Université de Montpellier
Suffragants :
- M. David COURPASSON, Professeur,
EM Lyon Business School - Mme Valérie FOURNIER, Senior Lecturer,
University of Leicester
Résumé
Le manuscrit s’inscrit dans les perspectives émergentes sur les organisations alternatives. Celles-ci apparaissent comme un troisième temps des études critiques en gestion en défendant un nouveau projet d’émancipation. Nous proposons une approche anti-essentialiste de ces organisations et insistons sur l’enjeu théorique des imaginaires pour accompagner l’émergence des alternatives. Toutefois, nous mettons en évidence l’absence de recherche sur le travail dans ces organisations. Le travail est pourtant le lieu traditionnel d’analyse des rapports de pouvoir.
Nous mobilisons ici la Labour Process Theory qui a particulièrement étudié la question de l’émancipation et de l’aliénation au travail. Dans ce cadre, le contrôle du travail s’explique par des dispositifs coercitifs et une fabrique du consentement. Classiquement centrées sur les conflits sociaux dans les usines et les organisations à profit, nous suivons les récentes perspectives anti-essentialistes en LPT pour examiner le cas des organisations alternatives.
Nous présentons ensuite notre méthode ethnographique de trois ans au sein de la Louve, le premier supermarché coopératif et participatif de France. Cette ethnographie permet, par un travail de perduction, de produire des récits sur la vie dans cette organisation et de la fabrique du consentement des coopérateurs.
Les résultats de cette thèse montrent que le travail au sein de la Louve se présente comme la construction permanente d’un équilibre entre contestation et consentement. Les membres de la coopérative s’organisent pour porter un projet contestataire vis-à-vis des acteurs traditionnels de la grande distribution. Un imaginaire commun est activement fabriqué, régulé et stabilisé pour obtenir le consentement des membres au contrôle de leur travail volontaire. Cependant, cette organisation du travail n’est pas neutre, mais maintient des rapports de pouvoir au sein de la coopérative en séparant les coopérateurs qui contrôlent la politique alimentaire de l’organisation de ceux qui ne font que la mettre en œuvre.
Finalement, les perspectives conceptuelles de ce travail et les pistes de recherches futures sont présentées dans un dernier chapitre.
Campuses