L’étude FNEGE menée par Valérie Moatti confirme le peu d’innovation dans ce domaine malgré la crise sanitaire, proposant cependant des recommandations aux établissements.
« L’accélération forcée de l’enseignement supérieur en management suite à la crise sanitaire de la Covid 19 en 2020, a souligné les limites des systèmes existants de mesure et de pilotage de l’activité d’enseignement pour les enseignants-chercheurs. Si le sujet est largement reconnu, il fait peu l’objet à ce stade d’étude ou d’articles », constatent en préambule de l’étude FNEGE intitulée L’enseignement du management à l’ère du numérique : révolution ou évolution ? et réalisée par la doyenne de la faculté, Valérie Moatti, avec le professeur Emmanuel Abord de Chatillon (IAE Grenoble) et la collaboration active d'une ex-doctorante de ESCP, Juliette Fronty. « Notre étude, basée sur l’analyse de 25 entretiens qualitatifs auprès d’experts du monde entier confirme le peu d’innovation dans ce domaine malgré une reconnaissance généralisée de l’importance de renouveler les mesures traditionnelles ».
Les auteurs se sont penchés sur la manière dont les établissements privés et publics d’enseignement du management ont pris en compte (ou non) les évolutions qu’impliquent l’enseignement à distance et le numérique pour les professeurs. Ils ont constaté que l’utilisation du numérique dans l’enseignement supérieur s’est accélérée avec la crise sanitaire, mais bien souvent dans l’urgence et avec beaucoup d’hétérogénéité. « L’expérimentation soudaine et généralisée a balayé les craintes quant aux outils, d’autres limites ont émergé : la question du lien social, de l’organisation, de la pédagogie, de la rémunération et de l’incitation des professeurs, de l’articulation et de l’équivalence entre les différents outils ou modes de cours (vidéo, cours asynchrone, cours synchrone, grands groupes, petits groupes, etc.), ajoutent-ils. Notre étude permet également de mettre en évidence une série de tensions produites ou exacerbées par le développement de l’enseignement numérique : distanciel vs présentiel, synchrone vs asynchrone, individuel vs collectif, massification vs personnalisation, économies d’échelles vs déséconomies de compression de temps, technologie vs innovation, enseignement vs recherche, communication (marketing) vs pédagogie, innovation pédagogique vs enseignement numérique et équilibre entre vacataires et permanents ».
Heureusement, les auteurs proposent une série de recommandations pour accompagner les institutions d’enseignement supérieur en gestion dans leur transformation.
Dans une interview portant sur l’étude publiée par AEF info, Valérie Moatti explique que l’université de 2030 sera fondamentalement transformée par le numérique : « Soit elle le sera, soit elle disparaîtra ! Les lieux physiques demeureront bien sûr, mais les étudiants ne viendront plus sur site pour écouter un prof parler : ils viendront pour mener des travaux de groupe, pour échanger avec leur prof ou entre eux, pour acquérir une "expérience". L’apprentissage adapté à chacun, lui, passera par l’innovation pédagogique et numérique »…
Campuses