1. Parlez-nous de votre parcours (avant l'option IRA)
J’ai intégré le programme Innovation Responsable en Afrique (IRA), alors que j’achevais un parcours de 5 ans au sein de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouêt Boigny (INPHB) de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire.
J’ai d’abord effectué deux années de classes préparatoires scientifiques en MPSI/MP. Par la suite, grâce à un concours très sélectif, j’ai pu changer d’orientation et intégrer l’École Supérieure de Commerce et d’Administration des Entreprises, la business school de l’INPHB, en filière Hautes Études en Assurance. Ce cursus de trois ans, couronné par un diplôme d’Ingénieur équivalent à un Master, m’a permis de me spécialiser dans ce domaine.
Mon parcours a été marqué par une excellence académique et une forte emprunte associative. Cumulant en moyenne deux à trois associations par an, j’étais motivé par une volonté d’apporter autour de moi, de développer des compétences pratiques mais aussi et surtout de pouvoir apprendre des autres.
Ma participation au programme Innovation Responsable en Afrique s’est faite au cours de ma troisième et dernière année de cycle ingénieur en Assurance, de Septembre 2024 à Janvier 2025.
2. Quelle est votre vision de l'Innovation Responsable en Afrique ?
L'innovation responsable en Afrique, est selon moi, une innovation qui répond aux défis sociaux, économiques et environnementaux du continent.
Elle doit tirer sa source des réalités locales, s'adapter au contexte culturel africain et surtout apporter des solutions concrètes aux problèmes auxquels sont confrontés les populations, tels que l'accès à l'eau potable, à l'énergie, à la santé ou à l'éducation.
Il s'agit non seulement de promouvoir de nouvelles solutions mais aussi de s’assurer que ces dernières soient respectueuses de l'environnement et des ressources naturelles, contribuant à la lutte contre le changement climatique. Le plus difficile n’étant donc pas de créer de nouvelles solutions pour valoriser nos richesses mais plutôt de le faire en minimisant les impacts sur la nature.
L’Afrique dispose d’un fort potentiel d’innovation, notamment grâce à sa population jeune mais aussi du fait des choses qu’il reste encore à réaliser afin de prétendre au développement.
Dans ce contexte où les ressources sont disponibles, et là où il y a tant à faire, les opportunités ne peuvent être que légions.
Ce potentiel est à exploiter et je demeure très optimiste car les programmes éducatifs en Afrique s’actualisent. Ceux-ci visent désormais à inclure l’entrepreneuriat et l’innovation. Je crois fermement en une Afrique qui réussira ce défi de l’innovation responsable. Ce sera grâce à nous, cette jeunesse motivée et éduquée qui n’a d’yeux que pour le rayonnement de l’Afrique mais aussi grâce à des partenariats et des programmes spécifiques tels que le programme « Innovation responsable en Afrique » développé par la Chaire ESCP et les grands groupes africains AXIAN et Attijariwafa Bank. Ce type de programme centré sur l’Afrique et soutenu par des groupes africains renforcent ma vision de l’innovation responsable en Afrique la résumant en une innovation en Afrique et pour l’Afrique.
Une Innovation en Afrique parce qu’elle se doit d’être adaptée aux réalités du continent et surtout développée sur le continent et une innovation pour l’Afrique parce qu’elle se doit de bénéficier en premier lieu aux populations locales en contribuant à améliorer leurs conditions de vie, sans toutefois manquer de respect à leur environnement et à leur culture.
3. Comment votre participation au programme IRA a-t-elle contribué à développer cette conviction ?
Le programme IRA a renforcé mon intérêt pour l’innovation et l’entrepreneuriat mais surtout l’entrepreneuriat durable en me fournissant à la fois des connaissances académiques et une expérience pratique.
À Paris, j'ai pu au travers des cours sur le "Bottom of the Pyramid market", ou l’écosystème entrepreneurial en Afrique, être exposé à des théories et des cas pratiques qui ont illustré comment les modèles d'affaires responsables peuvent avoir un impact significatif sur le développement du continent. Ces différents cours enrichis d’interventions d’entrepreneurs et d’acteurs locaux Sud-africains, Béninois et de biens d’autres pays africains, ont confirmé et raffermi ma position quant au pouvoir de l’innovation sur la vie des populations
Le study-trip au Sénégal m'a permis d’aller à la rencontre des entrepreneurs et des acteurs locaux afin de comprendre les réalités sur le terrain. C’était pour moi une occasion d’interroger les acteurs locaux sur leurs motivations, les ressources dont ils bénéficient mais aussi d’en savoir plus sur les challenges qu’ils rencontrent quotidiennement dans l’exercice de leurs activités. Cette expérience m'a également ouvert les yeux sur l’impact, grand et positif, que pouvaient avoir les innovations sur les populations, notamment dans les secteurs de la fintech, de l’énergie et de l’éducation. J’ai pu également m’apercevoir à quel point les populations locales pouvaient être réceptives à l’innovation, à la simple condition qu’elle soit responsable et respectueuse de leurs valeurs.
Enfin, mon stage chez CBAO Sénégal (groupe Attijariwafa bank) m'a permis de comprendre de manière concrète la façon dont une entreprise peut intégrer la responsabilité sociale et l'innovation dans son modèle d'affaires. J’ai pu constater que sous certains aspects, il pourrait paraitre difficile d’innover, surtout de manière responsable, mais cela reste un défi que la nouvelle génération, la nôtre, se doit de relever.
Le fin mot de ce programme était de nous ouvrir les yeux sur l’Afrique que nous avons toujours habitée et de nous encourager à passer à l’action. Et cela, le programme l’a réussi !
4. Pourquoi d'après vous les étudiants de ESCP devraient-ils intégrer l'Afrique dans leur plan de carrière ?
L'Afrique est un continent riche en opportunités uniques en termes de croissance économique, d'innovation et de développement durable. Pour les étudiants de ESCP qui cherchent à évoluer dans des environnements dynamiques et en pleine mutation, l'Afrique offre des terrains d’expérimentation, notamment dans les secteurs de la technologie, des infrastructures, de la santé, et des énergies renouvelables. De plus, contribuer à l'essor de l'économie africaine permet non seulement de développer des compétences techniques et managériales spécifiques, mais également d'avoir un impact sociétal important. Travailler en Afrique, c'est aussi s'adapter à des défis complexes tout en participant à la construction d'un avenir plus inclusif et durable pour des millions de personnes.
5. Quelle a été votre contribution au développement de l'innovation responsable ?
Mon expérience chez SanlamAllianz a eu lieu au sein du département bancassurance de la branche non vie. Elle a été fortement marquée par la fusion effective sur le marché ivoirien des géants locaux de l’assurance que sont Sanlam CI et Allianz CI.
Ce contexte activement influencé par des changements structurels et organisationnels n’a pas éteint nos initiatives personnelles.
Ma contribution, à mon échelle, au développement de l’innovation responsable s’est manifestée au travers de plusieurs initiatives centrées sur l'usage du numérique notamment par la numérisation de certains procédés internes, tel que la délivrance d’attestations d’assurance et d’avis d’échéances. Cela a principalement favorisé l’accélération des processus de délivrance et de transmission en réduisant les risques de perte de documents par certains intermédiaires. Il a été aussi possible de sensibiliser les assurés à l’usage des plateformes digitales et des outils numériques mis en place par le régulateur en vue de faciliter l’accès aux documents d’assurance.
SanlamAllianz, en tant que leader ivoirien de l'assurance, redouble d’efforts afin de rendre ses services accessibles au plus grand nombre. Dans le contexte du département bancassurance de l’entreprise, cela implique le développement de solutions digitales permettant aux utilisateurs de souscrire aux produits d'assurance directement via leurs téléphones.
Cette expérience m'a permis de voir de près comment les grandes entreprises peuvent jouer un rôle crucial dans la promotion d'une innovation qui ne se contente pas de maximiser les profits, mais qui cherche aussi à créer une valeur partagée avec l'ensemble de l'écosystème. C’est le cas de SanlamAllianz qui joue pleinement son rôle de Leader.
Campuses